Réunion improvisée. [ PV Quartz ]

Aware of their feelings is sometimes scary

Camp de la rivière, novembre 2010. L’atmosphère semblait paisible et douce, et on n’avait pllus signe de batailles en vue. Les chats faisaient leur vie tranquillement, ils allaient et venaient sur la place tantôt une souris dans la gueule, tantôt un apprenti sur les talons. Les apprentis comparaient leurs performances, bataillant sur le seuil de leur tanière. Quelques mères consciencieuses faisaient la toilette de leur petit. Chacun vaquait à ses occupations. Il semblait qu’on alla vers une sorte de paix. Etoile Secrète observait son clan du haut de son promontoire. La matinée avait débutée depuis quelques heures, le temps viendrait bientôt de se trouver une occupation. Toujours penser à quelque chose, histoire de ne pas repenser au sombre passé. Pour le moment, la chef remuait dans son esprit quelques décisions. Elle avait décidé de s’allier au clan de l’ombre. Etoile de Quartz lui avait fait cette offre, et Etoile Secrète n’avait pas mis longtemps à accepter. Beaucoup de chats étrangers à l’Ombre trouvaient ce chat trop envieux de pouvoir, trop fou, trop ambitieux. Peu avaient confiance en lui. Etoile Secrète comprenait leur point de vue. Il est vrai qu’avec des manières peu orthodoxes il menait son clan vers le sommet. Mais justement. Le sommet. Il l’atteignait presque. Etoile Secrète aussi voulait être au sommet. Elle l’avait promis à son frère. Il fallait qu’elle y arrive, sinon comment lui pardonnerait-il ? Aussi, elle avait trouvé le plus court moyen d’accéder au succès : s’allier à ce taré. Enfin, tout le monde le prenait pour un taré. Mais quand bien même elle le trouvait un peu froid, Etoile Secrète le regardait toujours avec admiration. Quand elle le voyait arriver, elle admirait toujours sa marche princière, son allure de maitre. Il avait l’étoffe d’un conquérant, pour sur. Et dans ses yeux glacials, elle retrouverait une lumière qu’elle n’avait plus vue depuis son enfance. Mais où ? Cet éclat des gens qui ont tout perdu, qui ne regrettent rien, mais tout à la fois. Ces gens qui voient leur vie s’affaisser ; leurs objectif s’éloigner ; ceux qu’ils aiment disparaitre. Cet éclat elle l’avait vu sur lui. Mais ou avait elle pu le voir autrefois ? La mémoire ne lui revenait pas. De toute façon, elle préférait ne pas se souvenir. Son histoire devait restée enfouie, mise de côté, afin qu’elle ne perde pas de vue ce qu’elle devait faire. Et sur son promontoire, elle réfléchissait, à tout ça … le vent soulevait le tapis de feuilles, qui voletaient un instant autour d’elle pour retomber quelques secondes plus tard. Le ciel était gris, tout gris. Des gouttelettes infimes se promenaient dans les airs, se déposant sur les fourrures. L’automne était bel et bien là … Bientôt arriverait l’hiver, et le clan devrait s’accrocher pour survivre. Mais ils étaient forts, et les pertes seraient faibles. L’année dernière, seuls un petit et une ancien avaient rejoint le clan des étoiles. Il était normal que les plus faibles partent … C’était les lois de la nature. Etoile Secrète attendait un évènement qui marquerait sa journée. C’était toujours comme ça, attendre quelque chose qui remplira la journée. Car elle devait les remplir, pour ne pas penser. Depuis la perte de son frère, Etoile secrète sentait ce vide dans son être, quand elle ne pensait à rien. Quand ses pensées ne trouvaient pas d’occupation, elle ressentait le vide de son absence. Cet espace creux, qui provoquait des sursauts dans son corps, des hoquets dans son âme. Qui lui arrachait des cris, des larmes. Elle n’avait pas réussi à le combler. Elle avait tenté plusieurs de s’accrocher à quelqu’un, et ça avait marché un certain temps. Mais aucune fois elle n’avait réussi à oublier. Elle recherchait toujours un moyen d’aller mieux. Soudain, un chat la tira de ses pensées pour lui annoncer qu’un visiteur arrivait. Elle eu à peine le temps de se laver, que Etoile de Quartz sauta sur le promontoire et apparut subitement devant elle.

Un épais brouillard s’était installé sur les terres du territoire de l’ombre. Les sapins noirs étaient recouvert de fines gouttelettes d’eau, déposées par le nuage gris qui empêchait d’avoir une vue dégagé. Il faisait frais et l’atmosphère avait une arrière odeur de neige qui me fit frissonner. Les proies allaient manquer si l’hiver et la neige se pointaient si tôt ! Je priais le clan des étoiles de ne pas envoyer la mauvaise saison si tôt. J’avais besoin de tous mes guerriers et apprentis si j’espérai faire du clan de l’ombre le clan le plus puisant de la forêt. La faiblesse ne devait nous atteindre. La mort qui nous ouvrirait les portes vers les étoiles devait être digne d’un guerrier… Mort au combat. Mort dans le sang, les yeux exorbités, les muscles crispés sous la douleur, les touffes de poils arrachées, le sang dégoulinant le long de notre fourrure. Une mort digne de ce nom.

Je me levais. Aujourd’hui je devais me rendre chez celle qu’i avait accepté mon alliance et avec laquelle je prenais un malin plaisir à jouer. Je tirais sur ses fils, la faisant obéir à mes ordres, je la déplaçais à ma guise tel un pion. Je souriais à cette horrible pensée. Moi, chat perdu, moi, chef déchu, je savais que ma fin serait horrible et pourtant j’aimais repousser les limites de l’acceptable. J’étais froid, glacial, dangereusement ambitieux et j’étais fier de l’être. Fier d’être ce chat dont parlait la prophétie. Fier d’allier la noirceur au scintillement de l’eau. Je marchais gracieusement dans la brume poisseuse et désagréable qu’il me fallait malheureusement traverser pour atteindre les terres qui étaient comme les miennes. Je ne connaissais pas de frontières. Ma folie allait où elle voulait, dépassant ce qu’avaient tenté d’intégrer et de faire intégrer les guerriers d’antan. Le code du guerrier n’était qu’à moitié respecté. Je prenais un malin plaisir à être faux. Je prenais un malin plaisir à être mauvais, fou et dangereux… En fait… C’était la folie qui prenait un malin plaisir à être moi. Mais je ne pouvais m’abaisser à penser de telles choses. Je me devais d’être LE commandant de mes actes, de mes pensées et de mes rêves. Je me devais d’être LE seul chef de mon être. Cette chose appelée folie ne pouvait m’avoir atteint avec tant de facilité… Non, c’était purement impossible. Je n’étais pas manipulable… C’est moi qui devais manipuler ! Il le fallait pour le bien du peuple !

Perdu dans mes pensées, je finis par atteindre l’entrée du camp de la rivière. Par politesse et me voulant juste et loyal, je m’annonçais à un chat comme désireux de parler à leur chef. Je le suivis avec grâce et sautai sur le promontoire pour me retrouver face à Etoile Secrète que je saluais d’un hochement singulier de tête. Je secouai ma queue avec délicatesse.

« Pourrions-nous nous entretenir seul à seule ? »

Mon air solennel était d’un faux qui puait à trois lieux mais la chef n’était pas censé le savoir puisque ma voix assurée et calme était comme mon regard, un masque à mes émotions et à mon état d’esprit. Seul quelqu’un me connaissant sur le bout des doigts pouvait décrété que j’étais qu’un con. Mais cette personne n’existait pas encore et n’existerait jamais. J’étais un solitaire qui n’agissait que pour sa gueule et qui n’en avait rien à foutre du reste.

« Pourrions-nous nous entretenir seul à seule ? »

« Que veux-tu ? »